Le rêve d’Yves

Mon idée est la suivante. On pourrait dans les constructions existantes, bien entendues rénovées & adaptées, mais pas agrandies, installer une structure de soins palliatifs quasi-idéale. A distance, mais toujours accessible, rustique mais confortable, au sein d’un écrin naturel et protégée des regards. Il y aurait un nombre de places raisonnable 15, 20 ou 25 lits, guère plus. Des locaux de soins spacieux et adaptés. Peut-être, effectivement, une balnéothérapie, non pas destinée à faire ruisseler l’argent des nantis, mais à apaiser la souffrance des patients en fin de vie ?

Depuis la structure de soins, occupant l’ancien bâtiments des sœurs, il y aurait de petites allées qui permettraient de descendre les patients, en fauteuil roulant ou bien même dans leur lit, jusqu’à la grève. Sous l’ombrage, ils pourraient ressentir, encore une fois, la douceur bienfaisante d’une brise légère, jamais trop chaude ni froide, si souvent rafraichissante, toujours apaisante. Tout autour le silence ? Non, le bruit doux du jusant ou du flot, émis par le courant de la jument.

Dans la pêcherie, quelques chambres permettraient à un tarif modique d’accueillir des accompagnants (famille, proches & amis) des malades en fin de vie, avec une petite restauration simple, locale, de qualité, peu coûteuse. Ainsi, les plus proches pourraient veiller le malade qu’ils accompagnent, tout en prenant un peu de repos et pouvant interrompre leur sommeil en se rendant auprès du patient sur appel des soignants, en cas de nécessité.

La chapelle à la pointe nord pourrait être restaurée et servir d’oratoire multi-confessionnel, pour les croyants qui souhaiteraient s’y recueillir. Il existe, si ma mémoire est bonne un local plus grand au sud, une sorte de grange qui pourrait être aménagée pour accueillir un centre d’étude et de documentation, une bibliothèque, des colloques de réflexions ou de recherche, sur l’éthique, les soins palliatifs, et les domaines pouvant s’y rattacher, lors d’université d’été ?

Une économie s’articulerait avec cette activité : soignants décidant d’habiter à Larmor Baden, Baden, Ile aux moines ou plus loin autour, entreprise de taxis-ambulances (et aussi corbillards d’ailleurs), lingerie, fournisseur de matériel médical etc… Mais tout ceci à une échelle raisonnable permettant de respecter la nature et les éventuelles autres activités qui partageraient le site (vous en indiquez de nombreuses qui potentiellement pourraient s’épanouir autour, dans un esprit de voisinage paisible.

Oui c’est une sorte de rêve. Aucun critère d’argent pour arriver là. Mais les structures sanitaires autour (EPSM Saint Avé, CHBA Vannes-Auray, Clinique Océane, SSR Colpo, etc…) manquent de lits dédiés à ces activités. Des critères d’admission seraient définis et une commission des admissions choisiraient les patients les plus aptes à être accueillis, sur dossiers, aux tarifs prévus par la sécurité sociale. La seule structure analogue susceptible d’accueillir des patients en soins palliatifs en situations complexes est à la Clinique des Augustines à Malestroit. Ma préférence irait à une structure publique, mais des solutions de structure privée participant au service publique hospitalier sont certainement possibles et probablement plus souples. Un soutien de l’ARS devrait être recherché, mais serait probablement obtenu assez aisément, vu l’augmentation attendue des besoins dans ce domaine pendant les prochaines décennies.

Alors voilà, je n’étais pas parvenu à coucher cette idée sur le papier en 2012. Comme vous m’y invitez, j’ai saisi mon clavier, cette fois-ci. Je suis disponible pour en reparler avec toutes celles et tous ceux qui jugeraient cette idée intéressante ou alors, saugrenues… Cordialement,

Yves Poinsignon, médecin hospitalier au CHBA