Tous se battent pour l’avenir de l’île Berder (Ouest-France 17/10/2020)

Ce samedi 17 octobre 2020, une quarantaine de personnes se sont réunies devant l’île Berder, à Larmor-Baden (Morbihan), à l’appel du collectif opposé au projet hôtelier du groupe Giboire. Des débats in situ dont l’objectif était de faire émerger des idées alternatives.

« Il ne faut pas laisser Berder dans la naphtaline. Il faut que ça vive. » Entre deux gorgées d’expresso, ce client ne cache pas son agacement. Depuis le bar situé face à l’île, il regarde du coin de l’oeil une énième manifestation se former pour Berder. Il n’est clairement pas enchanté de les voir débarquer. Après les pro-Giboire vendredi soir, les membres du collectif opposé au projet hôtelier du groupe Giboire arrivent au compte-gouttes ce samedi 17 octobre 2020, matin. Une quarantaine de personnes se massent devant l’île. La balade sur Berder sera pour une autre fois. Elle est fermée au public. La tempête Alex a fait trop de dégâts.

Ce samedi 17 octobre 2020, des membres du collectif opposé au projet hôtelier du groupe Giboire se sont réunis devant l’île Berder à Larmor Baden pour faire émerger de nouvelles idées. | OUEST-FRANCE

« Un projet qui réponde aux besoins des habitants »

Ça tombe bien, le groupe n’est pas venu se dégourdir les pattes. Les participants sont là pour faire chauffer les neurones. « On se retrouve pour échanger et faire émerger des idées, explique Marc Chapiro, membre du collectif et initiateur d’une pétition en 2013. C’est une invitation à réfléchir ensemble à un projet qui réponde aux besoins des habitants. Un hôtel quatre étoiles ne répond pas à cela. » Attaque frontale du projet du promoteur immobilier Giboire, propriétaire de l’île rachetée au groupe Yves Rocher en 2016.

« Berder, c’est un joyau »

Quatre associations environnementales (1) font front commun avec eux. Elles « mènent le combat » sur le plan judiciaire avec plusieurs recours sur le feu. Le collectif lui, veut montrer qu’il a de la suite dans les idées pour Berder. « Il a y des alternatives possibles. » C’est également l’avis d’autres personnes venues débattre. « L’île peut héberger un peu de luxe tout en garantissant du social et un centre aéré », estime l’un d’eux. Un autre surenchérit. « Un hôtel de luxe conduit à une logique économique. On peut imaginer une autre solution. »
Création d’une société coopérative d’intérêt collectif, rachat par le conseil départemental, école de voile, résidence d’artistes, tiers lieux, parc départemental… Si les avis divergent parfois, les personnes présentes sont d’accord sur l’essentiel. « Berder, c’est un joyau. C’est la porte d’entrée du golfe du Morbihan. On ne peut pas faire n’importe quoi. » Pour Thibault, venu de Saint-Nolff, Berder est un symbole. « J’ai grandi ici et je trouve triste qu’une île à vocation populaire soit destinée à accueillir un hôtel de luxe. »

Pas à vendre

Entre les idées émerge un constat : ce combat n’en finit pas entre les pros et les anti-Giboire. Depuis août, leurs manifestations se succèdent les unes après les autres. Instillant une ambiance délétère au coeur même de Larmor-Baden. De son côté, le propriétaire de l’île communique avec parcimonie. Michel Giboire ( Ouest-France du 17 octobre 2020) assure ne pas comprendre ses détracteurs. « Notre but est le même : préserver Berder. Il y a une servitude de passage que je respecte. Si je construis plus que la surface au sol, c’est uniquement pour des raisons économiques, détaillait-il ce samedi, dans nos colonnes. Mon projet prévoit de construire un bâtiment neuf, à la place de l’actuel réfectoire avec une piscine rez-de-chaussée et 36 chambres au-dessus. Tout ceci dans un souci de rentabilité. » Et concernant l’idée d’un projet alternatif, le promoteur a remis les pendules à l’heure : « Il faudrait que l’île soit à vendre. Et pour le moment, ça n’est pas le cas. »

(1) Les Amis du golfe du Morbihan, Les Amis des chemins de ronde, la Fédération d’associations de protection de l’environnement du golfe du Morbihan et Association pour la qualité de la vie à Larmor-Baden.

Ouest-France Mélanie BÉCOGNÉE Publié le