Berder, cette île du golfe du Morbihan qui déchaîne les passions (Ouest-France 6/09/2020)

Même si l’île Berder n’est pas à vendre, un collectif s’est mobilisé, ce dimanche 6 septembre 2020, à Larmor-Baden, près de Vannes, pour soutenir l’idée d’un rachat afin d’en faire un parc départemental. Plus de 200 personnes ont participé à ce « pique-nique joyeux », mais pimenté de quelques échanges houleux avec leurs opposants.

Plus de 200 personnes, collectif de citoyens et associations, se sont réunies ce dimanche 6 septembre 2020 en début d’après-midi pour s’opposer au projet immobilier du groupe Giboire qui doit voir le jour. Elles espèrent un rachat de l’île par le département pour en faire un parc.
Plus de 200 personnes, collectif de citoyens et associations, se sont réunies ce dimanche 6 septembre 2020 en début d’après-midi pour s’opposer au projet immobilier du groupe Giboire qui doit voir le jour. Elles espèrent un rachat de l’île par le département pour en faire un parc. | OUEST-FRANCELes manifestations se suivent et ne se ressemblent pas sur l’île Berder, à Larmor-baden, près de Vannes (Morbihan). Ce dimanche 6 septembre, un collectif opposé au projet hôtelier du groupe Giboire a organisé sur l’île un « pique-nique joyeux », deux semaines seulement après le rassemblement en soutien au promoteur rennais. Et il s’en est fallu de peu pour que le déjeuner festif tourne au vinaigre. Les 200 personnes présentes ont fait face à quelques Larmoriens remontés comme des pendules. Les échanges tendus se sont multipliés jusqu’au départ des manifestants vers l’île, peu après 13 h 30.

« 12 600 signatures avant la vente »

Le devenir de l’île Berder suscite bien des passions entre les pros et les anti Giboire. Cette fois, la parole et l’espace étaient occupés par les adversaires au projet du propriétaire de l’île. Le promoteur a racheté l’île au groupe Yves Rocher en 2013 afin d’y construire un hôtel trois étoiles dans les bâtiments existants.

Un programme qui n’est pas du goût du collectif de citoyens, dont certains sont mobilisés de longue date. « Il s’est constitué en 2012, précise l’un de ses membres Marc Chapiro. La pétition pour la création d’un parc départemental avait alors recueilli 12 600 signatures avant la vente. » Pour eux, le projet d’hôtel n’est pas acceptable en l’état. « Les gens ne veulent pas d’un hôtel quatre étoiles dans une île du Morbihan. Il faut que Berder soit un lieu pour tous. Il faut respecter le site dans son histoire. »

« L’hôtel doit être de dimension raisonnable »

Près de lui, Eugène Riguidel acquiesce. « C’est scandaleux de défigurer Berder. » Quatre associations environnementales (1) sont également de la partie. Elles sont à l’origine de plusieurs recours judiciaires ayant retardé le top départ du projet. « Nous nous élevons contre la volonté de créer un complexe hôtelier de grande dimension qui dépasse les capacités de l’île. Nous ne nous opposons pas à un hôtel, mais il doit être de dimension raisonnable, en équilibre avec la qualité de vie », confie l’un de ses représentants, Henri Girard.

Il n’est pas encore 13 h 30. Les petits groupes affluent au fil de l’eau, panneau revendicatif à la main. Dans le bar en face, la pression monte. Le ton aussi. Des clients se sont levés. Ils crient aux Larmoriens de se manifester, preuve selon eux que les habitants de Larmor sont « pour » Giboire. « Et il y avait combien de Parisiens à votre manifestation la dernière fois ? » [N.D.L.R. Le 23 août dernier], leur répond un manifestant. « Et vous, vous êtes Larmorien ? », renchérit Eugène Riguidel.

« Notre village se meurt »

L’un des clients descend pour argumenter face à Marc Chapiron. L’échange est musclé. Le départ vers l’île fait retomber la pression. Le cortège démarre au son du biniou sous le regard de ses opposants, Christophe Guyomard en tête. Le conseiller municipal est membre du Collectif citoyen pour le développement économique et social de Larmor-Baden. « C’est la goutte d’eau. Nous sommes beaucoup à être excédés », assure-t-il évoquant 1 244 signatures recueillies en faveur du projet Giboire. « Les écoles de Larmor-Baden ont fermé, il ne reste qu’un seul hôtel. On veut que des entreprises viennent pour créer de l’emploi. Notre village se meurt dans l’indifférence totale. »

Un argumentaire balayé par le collectif citoyen passé sur la rive d’en face. « Nous ne sommes pas contre un hôtel mais pour un parc, ajoute Marc Chapiro. Il faut une réflexion collective pour Berder. » Une île qui n’est pourtant pas à vendre. « Giboire sait qu’il y a une grande hostilité et en a pris la mesure. Il est possible qu’il mette en vente. Le Département pourra racheter Berder. C’est de sa compétence. » Interrogé à ce sujet, son président François Goulard a seulement indiqué : « Il est exclu que je donne de l’importance à de pareilles billevesées en réagissant sous quelque forme que ce soit. »

(1) Les amis du golfe du Morbihan, Les amis des chemins de ronde, la Fédération d’associations de protection de l’environnement du golfe du Morbihan et Association pour la qualité de la vie à Larmor-Baden.

Mélanie BÉCOGNÉE. Publié le 

https://www.ouest-france.fr/bretagne/morbihan/golfe-du-morbihan-berder-l-ile-qui-dechaine-les-passions-6962768